J. Bourgeois u.a. (Hrsg): L’âge du Bronze du nord de la France

Titel
L’âge du Bronze du nord de la France dans son contexte européen.


Herausgeber
Bourgeois, Jean; Marc Talon
Reihe
Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques
Erschienen
Paris 2005: Edition du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS)
Anzahl Seiten
378 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Mireille David-Elbiali

Outre un hommage à la mémoire de Jacques Briard, auquel il est dédié, cet ouvrage comprend une quinzaine de contributions régionales synthétiques écrites par plus d’une trentaine d’auteurs et qui couvrent les Pays-Bas, la Belgique (Flandre et Hainaut) et la partie nord occidentale de la France, soit le Bassin de la Somme, la vallée de l’Aisne, celle de l’Oise, la Basse-Normandie, ainsi que la Lorraine et le confluent Seine–Yonne, deux études ponctuelles de sites (Inghem dans le Pas-de-Calais et Quiévrecourt–l’Hôpital en Seine-Maritime), un article sur les torques en or de la Manche de type bar torcs, qui reprend l’inventaire complet de ces pièces distribuées entre l’Irlande, la Grande-Bretagne et la France, et un texte général sur les datations d’ossements calcinés qui mentionne une importante série de dates C14 concernant des incinérations de l’âge du Bronze obtenue dans le cadre d’un programme de recherche de l’Université de Groningen. Toutes les phases du Bronze ancien à la transition du premier âge du Fer sont traitées, avec un accent particulier mis sur ces dernières, en raison de l’abondance des découvertes récentes qui concernent le Bronze final et le début de l’âge du Fer. Aussi bien les vestiges funéraires que d’habitats sont examinés.

Le but premier de cet ouvrage est la publication des découvertes effectuées ces vingt dernières années dans cette partie du domaine nord atlantique, avec des éclairages ponctuels sur des territoires adjacents qui appartiennent plutôt au domaine d’influence continentale (Lorraine, confluent Seine–Yonne), alors que les Pays-Bas font le lien entre domaines atlantique et nordique, ce qui permet de faire le point sur la recherche dans cette zone, importante aussi pour la compréhension de l’âge du Bronze dans nos régions. Les nouvelles découvertes mettent en effet particulièrement en lumière les relations entre complexe atlantique et complexe nord-alpin. Les échanges ne concernent pas seulement les objets métalliques, mais aussi des formes céramiques, comme les gobelets à épaulement si caractéristiques du Bronze final nord-alpin. Au Bronze ancien et moyen, cette région voit se développer le groupe d’Eramecourt/Hilversum, défini surtout à partir des vestiges funéraires. Dès la fin du Bronze moyen, elle se rattache à l’horizon Deverel-Rimbury qui s’étend sur les deux rives de la Manche et concerne cette fois essentiellement des habitats. Les influences des groupes de la céramique à cannelures légères, auxquels appartient une grande partie de la Suisse, semblent remonter plus au nord qu’on ne le pensait, ceci sur la base de nouvelles découvertes faites dans la moyenne vallée de l’Oise (La Croix-Saint-Ouen). Au Bronze final, les influences atlantiques jusqu’alors dominantes s’affaiblissent et les influences du complexe Rhin-Suisse-France orientale (RSFO) atteignent pratiquement le littoral atlantique français (Quiévrecourt dans la Seine-Maritime, Ifs dans le Calvados, Flamanville dans la Manche), ainsi que la province de Hainaut et la Flandre orientale (Zottegem), montrant une zone d’interpénétration qui va plus au nord que la frontière présumée jusqu’ici du RSFO. Certains sites occidentaux évoluent toutefois comme les sites britanniques: plain ware et faciès décorés du début de l’âge du Fer, sans qu’il soit possible de préciser s’il s’agit d’un faciès contemporain ou successif au RSFO.

A côté des nombreuses séries céramiques présentées dans un but chronotypologique, certains aspects de l’organisation sociale sont également abordés. Le programme de recherche de la vallée de l’Aisne, en cours depuis 1973, montre ainsi que la dynamique du peuplement ne semble pas très éloignée de ce qu’on peut observer dans nos régions. Au Bronze ancien et moyen (BzA, B et C), les sites sont en écrasante majorité petits, que ce soit les habitats ou les nécropoles, qui comptent toujours moins d’une dizaine de structures (bâtiments?) ou de tombes. Ce n’est qu’à partir du Bronze final (HaA2) qu’apparaissent des cimetières de taille moyenne, entre 11 et 40 tombes, qui semblent être utilisés par plusieurs communautés, les agglomérations restant en majorité petites. Et ce n’est qu’à la fin du Bronze final et à la transition avec l’âge du Fer, qu’une faible proportion de sites, environ 8%, peuvent vraiment être qualifiés de grands. Ce modèle semble aussi valable pour la Flandre. Les gestes funéraires sont par contre différents de ce que nous connaissons dans la zone nord-alpine. L’incinération est déjà en usage au Bronze ancien et se poursuit jusqu’au Bronze final. Au Bronze ancien et moyen, on trouve surtout des «tombelles», particulièrement nombreuses aux Pays-Bas et en Belgique, qui sont des sépultures à fossé circulaire, recouvertes d’un tertre, avec un aménagement de pierres qui protège l’urne, renversée ou non, qui contient les os incinérés. Le mobilier est absent. Au Bronze final dans la vallée de l’Aisne, les sépultures se présentent souvent comme de simples fosses dans lesquelles sont déposées de faibles quantités d’ossements brûlés mêlés aux cendres du bûcher (sépultures de type Brandgrubengräber). Il n’y a guère d’architecture reconnaissable, les dépôts de céramique semblent inconnus, à part l’urne elle-même qui est du reste très peu fréquente, et le mobilier est exceptionnel. Les inhumations présentent le même dénuement. Ces pratiques funéraires, différentes de celles du complexe des «Champs d’urnes», pourraient être plus spécifiques de la zone atlantique et amènent un témoignage complémentaire à la culture matérielle. Dans les autres régions, les sépultures, surtout des incinérations, sont aussi très pauvres: parfois un ou deux vases accessoires et très exceptionnellement un objet métallique. Si les influences du complexe nord-alpin se reflètent effectivement dans une partie des productions matérielles, elles n’imprègnent donc pas tous les domaines de la société. Par exemple celui des rites funéraires, qui est lié aux croyances, suit une évolution qui semble amorcée précédemment.

Graphisme, mise en pages et illustrations contribuent à rendre confortable la lecture de cet ouvrage qui offre un excellent bilan synthétique de cette zone nord atlantique.

Zitierweise:
Mireille David-Elbiali: Rezension zu: Jean Bourgeois, Marc Talon (éds.) L’âge du Bronze du nord de la France dans son contexte européen. Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 125e Lille, 2000. Ed. du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS). Paris 2005. 378 p., ill. Zuerst erschienen in: Jahrbuch Archäologie Schweiz, Nr. 90, 2007, S. 215.

Redaktion
Zuerst veröffentlicht in

Jahrbuch Archäologie Schweiz, Nr. 90, 2007, S. 215.

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